Souvenirs parisiens 1940-1944 : Le Paris des Lettres, des Beaux-Arts, des spectacles et du journalisme

 « J’ai parfois lu, ou parcouru, des romans dont l’action se situait à Paris, pendant les années 1940 à 1944. J’ai vu aussi des films évoquant cette même époque. Je n’ai à peu près rien reconnu du Paris où certaines circonstances m’ont fait vivre tout au long de cette période. Je noterai en passant que la plupart de ces romans, de ces films, ont eu pour auteurs des écrivains, ou des cinéas­tes, ne sachant rien de la ville qu’ils prétendaient décrire (en 1940, ils n’étaient pas nés, ou encore dans les langes). Je ne dou­te pas qu’ils aient recueilli des témoigna­ges, mais émanant, il faut le croire, de personnes peu obser­vatrices, ou peu dignes de foi.

Si je me suis décidé à écrire mes sou­venirs de ces lointaines années, ce n’est pas que mon existence, dans le Paris d’alors, ait présenté un intérêt particulier (elle fut celle, en apparence du moins, de centaines de milliers de Parisiens) mais il m’a semblé qu’il n’était peut-être pas inutile de tenter de rétablir, à propos d’un temps déjà éloigné, sinon la Vérité (nul ne pouvant prétendre la détenir) du moins ce qui m’apparaît encore comme la vérité, mes impressions d’au­­jourd’hui demeurant, à peine es­tom­pées, ce qu’elles furent dès l’origine. »

Livre illustré de photos n&b.

Biographie de l'auteur:

Louis Védrines est un écrivain discret, voire secret, qui vit en Provence, à l’écart des milieux littéraires parisiens. Il a publié dans sa jeunesse un bref récit, Mal de gloire ou l’hypocrite vocation qui retint l’attention de Jacques Chardonne et d’autres bons juges. Vers la même époque, il se fit connaître de la confrérie internationale proustienne en apportant la preuve que Marcel Proust avait effectué deux séjours à Venise en 1900 et non un seul comme on l’avait cru jusque là. Ces débuts littéraires n’eurent pas de suite immédiate, des raisons personnelles ayant conduit Louis Védrines à quitter la France pour l’Italie où il résida plus de vingt ans, exerçant une activité sans rapport avec la littérature. À son retour en France, dans les années 80, Louis Védrines reprit contact avec l’écriture, publiant dans des revues françaises et étrangères de nombreux articles sur la littérature, les beaux-arts, la musique et même la politique, tandis qu’il éditait lui-même, sans visées commerciales deux ouvrages : un recueil de poèmes L’amour, Luce et un livre de mélanges, Recherche de la tendresse. Parmi les revues auxquelles il a collaboré le plus récemment, citons : Nouvelle école, Krisis, Éléments. La carrière littéraire de Louis Védri­nes a pris un nouvel essor avec la publication, en 2001, de son roman Le Mezzetin, couronné par l’Académie française, qui lui a décerné le prix François Mauriac. Deux autres ouvrages ont immédiatement suivi, l’un et l’autre, en 2002 : un essai, Connaître, comprendre, aimer ; réflexions d’un passéiste et un roman Beauté des fem­mes. Que sait-on des goûts de Louis Védrines ? Qu’il aime par dessus tout la peinture et l’opéra, et que ses préférences littéraires, très sélectives, vont aux grands prosateurs, race qu’il estime en voie de disparition, sinon disparue. Louis Védrines est mort à Aix-en-Provence le 12 juil­let 2005. Il aurait fêté ses 92 ans onze jours plus tard.