The Flechas

En 1961, le Portugal se retrouva engagé dans une guerre pour conserver ses possessions coloniales et préserver les vestiges de son empire. Il était quasiment impréparé, ce qui se manifesta notamment par sa capacité à projeter sa puissance et à contrôler les vastes espaces coloniaux d'Afrique. Suite aux soulèvements de mars 1961 dans le nord de l'Angola, le Portugal déploya des troupes dans la colonie aussi vite que son système logistique défaillant le lui permettait. Cependant, ces nouveaux arrivants n'étaient ni compétents ni dotés des compétences nécessaires pour mener une contre-insurrection. Si la contre-insurrection, par nature, requiert un effectif important d'infanterie légère, la force doit être entraînée à l'art de mener une « petite guerre » pour être efficace. La majorité des troupes arrivées n'avaient pas reçu un tel endoctrinement et avaient été préparées à un rythme accéléré. Même leurs uniformes, confectionnés à la hâte, n'étaient pas parfaitement adaptés au combat en brousse.

En réoccupant le nord et en faisant face à la menace ennemie, le Portugal comprit rapidement que ses forces les plus efficaces étaient celles dotées de qualifications spéciales et d'un entraînement avancé. Malheureusement, ces forces d'élite étaient très peu nombreuses. L'expérience acquise par les Portugais et leurs adaptations ultérieures à la lutte contre-insurrectionnelle ont conduit au développement d'unités spécialisées et sur mesure pour combler les écarts de compétences et de connaissances entre les insurgés et leurs forces. La force la plus remarquable était celle des flechas, des Bochimans autochtones vivant dans l'est de l'Angola et capables de vivre et de combattre sur un terrain difficile, judicieusement appelé « Terres du bout du monde ». Fondées en 1966, elles furent actives jusqu'à la fin de la guerre en 1974 et connurent un tel succès que le modèle des flechas fut copié sur d'autres théâtres d'opérations, en Guinée et au Mozambique, puis lors de la guerre frontalière sud-africaine.

Les flechas étaient une force unique aux conflits d'Afrique australe. Un flecha pouvait flairer l'ennemi et ses armes, et lire la brousse comme personne d'autre. Il dormait une oreille collée au sol et l'autre à l'atmosphère, et était réveillé par un ennemi marchant à un kilomètre. Il pouvait se dissimuler dans un minimum de couverture et trouver de la nourriture et de l'eau dans des endroits inaccessibles. En bref, il était largement supérieur à l'ennemi dans l'est de l'Angola et, au plus fort de la campagne (1966-1974), cette petite force représentait 60 % de toutes les pertes ennemies. Ce livre raconte comment ils se sont formés et organisés, leurs difficultés initiales et leurs succès incontestables.

SÉRIE AFRIQUE@GUERRE
À tout moment, au moins une demi-douzaine de conflits se déroulent en Afrique, des troubles civils et des insurrections brutales aux guerres conventionnelles à grande échelle. Pourtant, hormis les grandes campagnes et batailles de l'époque coloniale – Omdurman, Isandlwana, Spioenkop et autres –, on sait peu de choses en dehors du Continent Noir sur la pléthore de guerres de brousse qui se déroulent avec une régularité monotone. Après la Seconde Guerre mondiale, alors que les puissances coloniales – la Grande-Bretagne en particulier – cherchaient à se débarrasser de leurs empires encombrants, un vent de changement, alimenté par la Guerre froide, a balayé tous les recoins du continent. De l'Algérie à l'Afrique du Sud, du Congo au Kenya, le continent a littéralement explosé en conflits. Carnage et barbarie, sous couvert de nationalisme noir, sont devenus les maîtres mots des insurrections africaines ; les tactiques de terreur, si prônées par le président Mao, l'un des principaux soutiens – en concurrence avec l'impérialisme soviétique – des mouvements de libération africains, sont devenues la norme. L'Afrique, continent qui a donné naissance aux opérations antiterroristes « pseudo » développées au Kenya pour combattre les Mau Mau, au concept de la Force de Feu rhodésienne, aux innovations radicales en matière de protection des véhicules contre les mines, aux blindés sud-africains qui ont mené Cuba jusqu'au bout à Cuito Cuanavale lors de la plus grande bataille de chars continentale depuis Alamein, aux combats aériens de MiG et de Mirage dans le ciel angolais, n'est pas que sombre : elle est aussi riche de sa diversité culturelle que de ses traditions martiales. Outre un éventail coloré de mouvements de libération, de mercenaires, de brigands, de pirates et de terroristes, on y retrouve des unités légendaires telles que les King's African Rifles, les Fléchettes portugaises, la Légion étrangère française, les Selous Scouts et le SAS rhodésiens, ainsi que les Recces, le 32e Bataillon et le Koevoet sud-africains. Africa@War, une série novatrice, étudie les conflits et les acteurs militaires africains de l'après-1945 de manière informative et divertissante, en examinant certaines campagnes moins connues et en apportant un éclairage nouveau sur certaines opérations plus connues.

Africa@War est une série novatrice qui étudie les conflits et les acteurs militaires africains de manière informative et divertissante, en examinant certaines campagnes moins connues et en apportant un éclairage nouveau sur certaines opérations plus connues… autant d'excellents exemples de ce que la collaboration entre auteurs et éditeurs peut produire en termes de ressources utilisables.